En route vers 2026
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En route vers 2026

Qu’on se le dise, l’année qui s’achève est sans aucun doute la pire du 21ème siècle, mais il n’y a aucune raison de penser que celle qui vient ne soit pas plus épouvantable encore.

Bien qu’il s’en défende, Poutine poursuivra son rêve criminel de reconstitution de l’empire soviétique, il accentuera sa guerre hybride avec l’Europe tout en mettant l’économie russe à genoux. 

Trump multipliera les purges au sein de son administration, les censures partout où la critique se manifeste, violera toujours plus la constitution américaine au profit d’intérêts privés, se soumettra au dictat du tsar russe, ira jusqu’à retirer d’Europe une grande partie des troupes américaines, tentera une confiscation du Groenland qui provoquera d’inquiétantes tensions avec les alliés du Danemark, faisant passer pour longtemps les États-Unis du statut de pays ami et protecteur à celui d’une puissance hostile et aussi instable qu’il peut l’être lui-même.

Le monde continuera de se désintéresser des massacres perpétrés au Soudan, au Nigéria, aux violences des milices djihadistes, aux atteintes à la démocratie et aux droits élémentaires des populations dans de nombreux pays africains.
Il ignorera encore l’ignoble traitement des femmes en Afghanistan, en Iran et plus largement dans toutes les théocraties.
L’islamisme poursuivra sa conquête de l’occident, multipliant les attentats mais aussi les opérations d’entrisme sournois dans les milieux associatifs, universitaires, jusque dans des administrations ou même certaines entreprises.

Netanyahu, toujours pieds et poings liés par l’extrême droite israélienne et les partis religieux, n’abandonnera pas sa fuite en avant pour échapper à la prison, massacrera encore des palestiniens n’ayant aucun lien avec le Hamas, favorisera encore l’implantation de colons en Cisjordanie, refusera, comme le Hamas, la solution à deux États.

Xi Jinping, le dictateur discret, peaufinera sa domination économique sur le monde au détriment des populations vivant et travaillant dans des démocraties. Il cherchera toujours à intimider Taïwan, et peut-être même plus malgré les avertissements américains et japonais…

Le réchauffement climatique que l’ubuesque dirigeant américain qualifie de mascarade ne cessera de s’aggraver, multipliant les ravages en tous genres (incendies, inondations, tempêtes…), les difficultés pour le monde agricole donc pour l’alimentation, rendant plus nécessaires encore les transferts de population, les migrations.

À l’aide efficace des partis extrêmes de droite comme de gauche ou religieux, le racisme et l’antisémitisme continueront de prospérer dans le monde sans réelle opposition.

Même l’information est, à l’échelle de la planète, en péril. L’IA donnera toujours plus de moyens de travestir la vérité aux conspirationnistes de tout poil, et rendra de plus en plus difficile la distinction du vrai du faux. Les manipulations, qu’elles soient initiées par des États ou des groupuscules, deviendront de véritables jeux d’enfants.

L’Europe aura toujours autant de mal à se doter d’un véritable projet de souveraineté militaire, à accorder ses violons sur le plan économique, à décider d’une politique d’immigration responsable mais nécessaire.
Comme aujourd’hui, elle n’avancera pas dans son obligation d’union face aux menaces extérieures toujours plus pressantes, l’inquiétante progression des nationalismes contribuant à faire obstacle à l’élaboration de puissants projets communs.

Pendant ce temps, en France, nous préserverons jalousement notre incapacité à résoudre des problèmes pourtant d’apparence dérisoire en comparaison avec ceux évoqués plus haut.
Nous nous obstinerons à ne pas prendre en compte le vieillissement de la population, à considérer le travail comme une abominable corvée qu’il faut cesser le plus rapidement possible, même lorsqu’il est d’une pénibilité discutable.
Nous insisterons sur la voie d’un abandon de libertés – donc de démocratie – au profit d’une illusoire sécurité, nous dénoncerons courageusement l’endettement du pays tout en réclamant toujours plus à l’État, nous persisterons dans le choix de l’égalité dans la pauvreté plutôt que celui de l’inévitable inégalité dans la prospérité, nous verrons toujours plus de nos concitoyens céder aux sirènes simplistes des adorateurs des Trump, Poutine, Orban et autres autocrates ainsi qu’au désormais fameux “on n’a pas essayé” incroyablement naïf mais si tentant compte tenu de l’incurie politique actuelle, nous laisserons reculer encore la laïcité face aux intégrismes religieux, etc, etc…
Nous avons une excuse, cependant : la prochaine présidentielle n’aura lieu qu’en 2027. Nous devrons donc nous contenter, dans cette année qui vient, de promesses toutes plus mirifiques les unes que les autres pendant que la dette laissée aux jeunes générations frôlera allègrement les 3700 milliards dans un an.

J’exagère ? À peine.
Tout ça est bien sûr cauchemardesque, mais vraisemblable, au regard de ce qu’a été l’année qui s’achève.

Ces quelques lignes ne sont évidemment pas une invitation à la résignation.
Il y aura heureusement, en 2026, des gens qui vont se battre pour tenter de faire en sorte que les choses se passent différemment, pour protéger la démocratie, pour créer, pour innover et investir, pour cultiver les champs et les esprits, pour tracer des voies qui unissent sans chercher de boucs émissaires, avec lucidité et courage. Ce sont ces femmes et ces hommes que nous devrons écouter, suivre, encourager, voire même élire.

Pour, peut-être, échapper au pire en 2026 et même, pourquoi pas, en 2027…

MdC

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