Ce n’est pas une information pour nombre d’entre nous mais il est bon de le rappeler parfois : l’argent magique n’existe, hélas, que dans l’esprit de quelques doux rêveurs.
Mais alors, l’argent, le vrai, d’où provient-il, et comment ? Il faut s’arrêter un moment sur la réponse à cette question qui, les discours au Café du Commerce ou parfois même à l’Assemblée Nationale en témoignent, n’est pas évidente pour tout le monde.
Nous parlons bien de la totalité de l’argent qui circule légalement dans le pays, de l’argent privé, de l’argent public qui n’est rien d’autre que de l’argent privé devenu public, bref de TOUT l’argent sans aucune exception.
De celui qui permet, par exemple, de payer les salaires, ceux des employés du privé, des établissements publics, ceux des fonctionnaires, tous les salaires, donc.
Nous parlons de l’argent collecté via les cotisations, celui qui assure la protection sociale, la santé, les retraites, ou encore du produit des impôts et taxes diverses servant à financer l’éducation, la sécurité, la justice, les investissements publics en infrastructures, la charge de la dette, les subventions de toute nature etc…
Et bien, la réponse à cette question est d’une élémentaire simplicité : tout, absolument tout l’argent manipulé dans le pays provient du chiffre d’affaires du secteur marchand, des entreprises ou des indépendants qui créent de la valeur ajoutée grâce à leurs produits ou services.
C’est contre-intuitif pour beaucoup de nos concitoyens, de gauche, de droite ou d’ailleurs, mais c’est ainsi, l’argent ne se récolte pas dans les champs. Il ne se fabrique pas non plus dans les imprimeries nationales, celle de la Banque de France ou d’ailleurs.
Le secteur marchand crée de la richesse, il rémunère ses salariés qui paient des impôts, de la TVA sur leur consommation, des taxes locales et nationales. Il paie des cotisations de toutes natures, verse des dividendes aux actionnaires. Entreprises et particuliers s’acquittent des taxes, des impôts locaux, de l’impôt sur le revenu pour la moitié environ des foyers fiscaux, le tout alimentant les budgets des collectivités, celui de l’État, l’ensemble des salariés du secteur public et des fonctionnaires payant à leur tour taxes et impôts, et ainsi de suite…
Chaque euro dépensé par les collectivités (mairies, départements, régions ou tout autre satellite) ou par l’État provient de la création de richesse du secteur marchand.
Les collectivités peuvent bien sûr recourir à l’endettement mais leurs budgets doivent rester équilibrés. Seul l’État peut s’autoriser des budgets en déficit, ce qu’il fait avec application depuis très précisément 51 ans, sans discontinuer, au prix d’un endettement vertigineux qui atteint 3400 milliards d’euros et progresse, selon François Bayrou, au rythme de 5000 euros par seconde. Il finance donc à crédit une part importante de son fonctionnement en créant une dette dont il ne paie que les intérêts mais qui devra un jour être remboursée par ceux évoqués plus haut : les entreprises, les indépendants et les salariés, via des hausses d’impôts et de taxes qui seront, tôt ou tard, inéluctables. Avec le changement climatique, il s’agit d’une des principales menaces qui pèsent sur les générations futures…
L’ensemble de notre vie sociale étant économiquement assuré par le secteur marchand, il ne serait sans doute pas idiot d’éviter d’agresser systématiquement les entrepreneurs, petits et grands.
Il y a bien sûr chez eux, comme dans toutes les professions, des personnes attentives au bien commun et d’autres qui le sont moins. Les dirigeants du secteur privé ne sont pas tous de vertueux humanistes, c’est vrai. Mais l’absence de scrupule, la cupidité et plus généralement la bêtise étant des caractéristiques équitablement réparties dans toutes les couches sociales, elles existent là comme ailleurs, ni plus, sans doute, ni moins.
Aucune dévotion donc, mais du respect et des encouragements à persévérer, à continuer d’investir, de créer des emplois, donc des salaires, donc des ressources pour financer notre protection sociale, pour produire des taxes et des impôts, bref, pour fabriquer tout cet argent dont nous avons de plus en plus cruellement besoin.
Même si chez certains « zucmaniaques » la tentation est grande, formulons le souhait que nos dirigeants politiques, faute de mieux, s’abstiennent d’entraver les initiatives créatrices de richesse. Compte tenu de notre situation budgétaire, nous avons plus que jamais besoin de faciliter au mieux la création et l’innovation en France.
C’est d’autant plus important que, sauf à envisager son effondrement et les drames sociaux qui en résulteraient, ce système économique, que cela plaise ou pas, n’est pas remplaçable en l’état.
MdC